Vous connaissez cette sensation d'être dérangé en plein repas par un appel vous proposant des panneaux solaires à prix cassé ? Ou encore ce foutu "thermostat intégralement payé par l'état !" Imaginez maintenant recevoir 3 à 5 appels de ce genre... chaque jour. 📞😡 Bienvenue dans mon quotidien depuis que TotalEnergies (ou devrais-je dire "Totalement Energique à revendre mes données personnelle !") a décidé que mes données personnelles valaient plus que ma tranquillité.
Permettez-moi de m'attarder un instant sur le titre de cet article. "Total Recall" n'est pas un choix anodin. C'est une référence au film culte de Paul Verhoeven avec Arnold Schwarzenegger, où le protagoniste découvre que sa vie entière repose sur un mensonge et où la frontière entre rêve et réalité s'estompe dangereusement.
C'est aussi un jeu de mots bien senti : "Total" pour TotalEnergies, bien sûr, et "Recall" pour tous ces rappels, ces coups de fil indésirables qui rythment mes journées. Une façon ironique de dire que mon fournisseur d'énergie m'a offert un "service" dont je me passerais volontiers : être rappelé, encore et encore, par des démarcheurs que je n'ai jamais sollicités.
Comme Douglas Quaid dans le film, je me retrouve parfois à rêver d'un monde idéal, une planète métaphorique où mes données personnelles seraient respectées et où mon téléphone ne sonnerait que pour des appels bienvenus. Puis la sonnerie incessante de mon portable me rappelle brutalement à la réalité.
Tout a commencé lors d'un banal déménagement. J'ai contacté TotalEnergies pour transférer mon contrat à ma nouvelle adresse : 7 rue Machin TRUC. Simple, non ? Eh bien, pas pour eux... Ils ont enregistré "5 rue" au lieu de "7 rue". Une erreur sans conséquence, mais qui ce révèlera plutôt utile.
Quelques mois plus tard, mon téléphone se met à sonner encore et encore. Différents numéros, mais toujours le même refrain : "Bonjour monsieur, nous appelons au sujet de votre installation électrique..." Et le détail qui tue ? Tous ces démarcheurs avaient dans leur base la même erreur : "5 rue" au lieu de "7 rue".
Coïncidence ? Non ! Quand une information erronée identique se retrouve chez plusieurs entités indépendantes, c'est qu'elles partagent une source commune.
J'ai donc décidé de confronter le mastodonte. J'ai envoyé un courrier au service RGPD de TotalEnergies pour exiger des explications sur cette fuite manifeste et non consentie de mes données personnelles vers des télé-démarcheurs plus que douteux. J’ai demandé des comptes : Qui a eu accès à mes informations, pourquoi et dans quelles conditions ? J’exige également l’arrêt immédiat de tout partage à des fins commerciales, ainsi que la correction de l’erreur d’adresse présente dans leur base de données, preuve irréfutable que la fuite vient de chez eux.
"Nous sommes navrés du dérangement"
Traduction : on s'en fiche !
J'ai répondu en fournissant des numéros d'exemple et en réitérant mes demandes initiales. Puis j'ai reçu leur réponse finale, un monument d'hypocrisie corporative :
"Nous n'observons aucune faille de sécurité dans nos systèmes ni aucune divulgation volontaire de vos données à des tierces personnes"
Traduction : Nous nions l'évidence !
"Il se peut que vos données et mot de passe aient été piratés par un autre biais"
Traduction : C'est votre faute, pas la nôtre !
Leur conseil ultime ? M'inscrire sur Bloctel et changer mes mots de passe. Merci Captain Obvious ! Pour info, je suis inscrit sur Bloctel depuis sa création, et comme vous pouvez le constater, ça fonctionne à merveille (notez l'ironie).
Pourquoi TotalEnergies (et d'autres) s'adonneraient-ils à de telles pratiques ? La réponse est simple : l'argent. 💰
Selon les estimations d'experts en marketing digital, une base de données qualifiée de clients du secteur de l'énergie peut se vendre entre 0,50€ et 5€ par contact, en fonction de la précision des informations. Pour un fichier contenant des informations comme les miennes (nom, prénom, adresse "même erronée", numéro de téléphone, historique de consommation), on parle plutôt de 3€ à 5€ par contact.
Si l'on considère que TotalEnergies compte environ 4 millions de clients particuliers en France, cela représente un potentiel de revenus annexes de 12 à 20 millions d'euros. Pour moi seul, mes données ont probablement rapporté jusqu'à 5€ à TotalEnergies, peut-être plus si TotalEnergies ont revendus à plusieurs reprises et à différents acteurs.
Et TotalEnergies n'est pas un cas isolé. EDF a été condamnée à une amende de 600 000 euros par la CNIL pour avoir utilisé les données de ses clients à des fins de prospection commerciale sans leur consentement. Une goutte d'eau par rapport aux bénéfices générés par ces pratiques.
D'où viennent ces appels incessants ? Si certains proviennent bien de France, une large proportion émane en réalité de centres d'appels basés à l'étranger, notamment au Maroc, en Tunisie, à Madagascar ou encore au Sénégal.
Ces centres utilisent des techniques de "spoofing" pour afficher des numéros français, créant l'illusion d'un appel national. Cette technique explique aussi pourquoi le blocage des numéros s'avère si inefficace : quand un numéro est signalé et bloqué, les centres d'appels en génèrent simplement de nouveaux. C'est comme jouer au Whac-A-Mole (Le jeux où faut taper sur des taupes avec un maillet), tapez sur un numéro, deux autres apparaissent.
Selon l'ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes), les opérateurs français bloquent plus d'un milliard d'appels frauduleux par an. Pourtant, le phénomène persiste et s'amplifie.
Saviez-vous que 70% des appels de démarchage téléphonique reçus par les Français sont illégaux ? Selon une étude de l'UFC-Que Choisir, sur 100 appels de démarchage, seuls 30 environ proviennent d'entreprises respectant la réglementation. Les 70 autres émanent de structures frauduleuses, souvent basées à l'étranger, qui ne respectent ni Bloctel, ni les plages horaires autorisées, ni les restrictions sur les secteurs comme l'énergie.
L'État français semble conscient du problème. Après Bloctel, il a mis en place diverses mesures réglementaires : interdiction du démarchage dans le secteur de la rénovation énergétique, restrictions des horaires d'appel (pas avant 10h ni après 20h, ni le weekend), obligation d'obtenir un consentement explicite... Mais ces règles ne s'appliquent qu'aux acteurs légaux, qui représentent donc moins d'un tiers du problème !
D'autres pays européens semblent avoir mieux réussi à contenir ce fléau :
Tous ces pays affichent des taux de satisfaction citoyenne bien supérieurs au nôtre concernant la lutte contre le démarchage téléphonique.
Il serait facile de blâmer les téléopérateurs qui nous harcèlent. Mais la réalité est plus complexe. Dans ces centres d'appels, on trouve souvent des personnes en situation précaire, parfois mal informées sur la légalité de leurs actions.
J'ai eu l'occasion de discuter avec l'un de ces téléopérateurs qui, après avoir compris ma lassitude, s'est confié : "Je sais que c'est pénible pour vous, mais c'est mon gagne-pain. On nous dit que ces listes sont légales, que les gens ont accepté d'être contactés. On a des objectifs à tenir, sinon on ne touche pas notre prime, voire on perd notre job."
Ces personnes sont les rouages d'un système qui les dépasse, des victimes collatérales d'un business model basé sur l'exploitation des données personnelles.
Si vous vous reconnaissez dans mon histoire, voici quelques pistes :
Pour revenir à la référence cinématographique de "Total Recall", je me demande parfois si, comme dans le film, cette situation est réelle ou si je vis dans une sorte de cauchemar programmé. La différence, c'est que je n'ai pas payé pour vivre cette expérience déplaisante !
TotalEnergies prétend vouloir "réinventer l'énergie pour qu'elle soit toujours plus abordable, plus propre, plus fiable, accessible au plus grand nombre" (dixit leur site web). J'ajouterais volontiers : "...et pour que vos données personnelles soient accessibles au plus offrant".
Dans cette ère numérique où nos données valent de l'or, il est temps que les entreprises comprennent que notre vie privée n'est pas à vendre. Et si elles ne le comprennent pas d'elles-mêmes, peut-être que des amendes conséquentes les aideront à saisir le message.
Je viens de déposer une plainte formelle auprès de la CNIL. Je ne manquerais pas de vous tenir au courant⚡️😅. Et contrairement au film, je n'oublierai pas cette expérience de sitôt – les appels quotidiens sont là pour me le rappeler. 📲😤
Avez-vous vécu une expérience similaire avec votre fournisseur d'énergie ou une autre entreprise ? Partagez votre histoire dans les commentaires !
De patounes le 26-03-2025 à 22:08 | |
J'en ai plein le cul de ses appels c'est chiant comme pas possible. Malheureusement moi je sais pas qui à vendu mes donnés 🤬 |
De Bender le 30-03-2025 à 22:20 | |
Ou comment faire de l'argent avec ce qu'ils te facturent, ce qu'ils revendent a EDF plus cher que ce qu'ils achetent et en plus ils revendent les informations des gens. MONEY MONEY MONEY |